L'intelligence
des abeilles

Le CNRS de Toulouse étudie l'intelligence des abeilles

Aurore Avarguès-Weber cette biologiste au CNRS de Toulouse se passionne pour l’intelligence des abeilles ( Apis mellifera ).

Comment réfléchissent-elles? « Une question simple, mais des jours de réflexion intense pour imaginer un protocole expérimental pertinent et délivrant des réponses claires et nettes » , insiste la jeune chercheuse.

« Un beau jour, j’ai eu la chance de découvrir quelque chose qu’on n’imaginait pas » , explique-t-elle, encore émue rien que d’y penser. « Au moyen d’un test de comportement conditionné (distribution d’une récompense à l’animal si la réponse est bonne), j’ai pu montrer que, comme l’homme, l’abeille visualise le monde qui l’entoure au moyen d’une image globale, et non pas d’une image détaillée comme le font les autres animaux. Elle procède ainsi pour reconnaître une source de nourriture dans la nature par exemple.»

Reste maintenant à comprendre les mécanismes neuronaux de ce comportement. D’autres études montrent que les abeilles savent distinguer les couleurs, reconnaître un visage humain, et compter !

Comment fait l’insecte avec son cerveau grand comme une tête d’épingle – mais qui contient un peu moins d'un million de neurones, alors que l’homme en recèle 100 milliards? Une question qui, une fois résolue, devrait trouver des applications en intelligence artificielle, en robotique.

La survie de l’abeille

Intarissable sur ce sujet, Aurore Avarguès a du plaisir à vulgariser ses travaux dans le cadre de son prix L’Oréal-Unesco.

« En famille et entre amis, avec mes voisins ou les élèves que je vais rencontrer dans les lycées, les abeilles captivent immédiatement l’auditoire, ajoute-t-elle. Au grand dam de mon mari qui, spécialiste des interactions entre la lumière laser et la matière, attire moins les foules. »

« Bien sûr, ce travail ne va pas changer le sort de l’humanité dans les années à venir, mais il est tout de même nécessaire pour les progrès de la connaissance. »

Elle se sentirait presque coupable de ne pas s’engager plus contre le déclin des abeilles. « Progressivement, on voit que pouvoirs publics et agriculteurs, sous la pression des consommateurs et des écologistes, ont pris conscience du risque qu’elles disparaissent, dit-elle.

Je suis assez optimiste quant à leur survie mais je pense que notre schéma économique doit évoluer vers un développement durable » , conclut-elle.

La survie de l’abeille occidentale est à ce prix.

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